Qu’est-ce que c’est ?
Le calcanéum est l’os du talon. Lors de chutes avec réception brutales sur le talon il est pris en tenaille entre l’astragale (talus) et le sol. Il subit de grosses contraintes de cisaillement entraînant une bascule du thalamus (le thalamus est la portion articulaire du sommet du calcanéum en contact avec l’astragale).
Les fractures du calcanéum font partie des fractures les plus redoutables, leurs suites sont extrêmement longues et difficiles. Elles laissent fréquemment des séquelles. Il faut compter un à deux ans pour se remettre correctement d’une fracture complexe du calcanéum.
Comparaison d’un scanner de calcanéum normal et d’un scanner de fracture calcanéenne avec enfoncement thalamique
Comment peut-on le soigner ?
- Pour une fracture non déplacée, le traitement est non chirurgical, il comprend une mise en décharge simple (pas d’appui autorisé, marche avec béquilles) de 3 mois avec une rééducation précoce qui est débutée à la 3° semaine.
- Pour une fracture déplacée, le traitement est chirurgical.
Quels sont les principes de l’intervention ?
L’intervention consiste à réduire la fracture (corriger le déplacement) puis à la fixer. Il faut bien sûr restituer au mieux les surfaces articulaires.
Quelle anesthésie ?
Le type d’anesthésie est choisi avec le médecin anesthésiste en consultation. Il peut s’agir d’une anesthésie loco-régionale (on endort les nerfs du pied et de la cheville uniquement) ou d’une anesthésie générale.
Quelles sont les suites
- La durée de l’hospitalisation est de un à deux jours.
- Le pied est immobilisé tout de suite après l’opération dans une petite bottine pour le protéger des chocs. L’appui est interdit pour 3 mois et il faut se déplacer avec des béquilles.
- La rééducation débute dès la 3° semaine avec des mobilisations du pied, l’appui est repris au 3° mois.
- La durée de l’arrêt de travail varie de 3 à 5 mois.
- L’oedème (gonflement) du pied peut persister jusqu’à 12 mois, il est souvent responsable d’inconfort voire de douleurs, mais il n’est pas anormal.
Quels sont les risques ?
- L’infection : Toute incision chirurgicale expose à un risque de contamination microbienne qui peut être responsable d’une infection. Au niveau du pied les infections sont rares, elles nécessitent parfois une ré-intervention chirurgicale associée à une antibiothérapie.
- Les troubles de la cicatrisation : Ils peuvent aller de la cicatrice disgracieuse à la désunion cicatricielle ou à la nécrose cutanée. Ils font le lit de l’infection et sont favorisés par le diabète et le tabagisme.
- Les douleurs chroniques et l’algodystrophie : Toute intervention chirurgicale peut de manière aléatoire et imprévisible voir persister des phénomènes douloureux ou même en renforcer d’autres. Ces phénomènes douloureux complexes peuvent s’étendre à tout le pied voire à la cheville ou la jambe et peuvent évoluer de nombreux mois, laissant parfois persister une raideur séquellaire.
- Le défaut de fusion (pseudarthrose) : La réussite de l’opération est basée sur une bonne consolidation osseuse qui est un phénomène biologique permettant la fusion définitive des os que l’on a fixés. Rarement, celle-ci peut faire défaut, ou être retardée. Une nouvelle intervention chirurgicale peut alors être nécessaire. Le tabac est un facteur favorisant la pseudarthrose.
- L’arthrose : il s’agit d’une usure du cartilage du pied secondaire au traumatisme. Elle apparaît en général dans les mois ou les années qui suivent l’accident. Elle est fréquente dans les fractures du calcanéum car il s’agît presque toujours de fractures articulaires.
- La gêne occasionnée par le matériel chirurgical : elle est très fréquente et peut nécessiter une deuxième intervention (beaucoup plus légère) pour enlever ce matériel, environ un an après sa mise en place.